Point d'orgue...
Paroles et Musique de Robert GRANGE
Point d’orgue
C’est devant la psyché
Que l’on voit le maçon,
Quand le temps écoulé
Fissure la maison.
C’est l’instant de la farce
C’est l’heure où le passé
Sur nos visages trace
Des toiles d’araignée.
Il y a deux façons
Pour amortir le coup.
La première pas con,
C’est d’en rire un bon coup.
La deuxième par contre,
Beaucoup plus répandue,
C’est de régler sa montre
Sur l’heure des vertus.
Pour en rire un bon coup,
Noble sagesse oblige
D’être un petit peu fou,
Mais ça nous désoblige ;
Car il faut se taper
L’cul sur la conviction
Crétine panacée
De toute inquisition.
Mais sacré nom de bois,
Comble de déception,
C’est partir d’ici bas
Un peu comme un poisson
Qui vécut sur la plage,
Par dépit du passé
Le reste de son âge,
Jalousant l’eau salée.
A ruminer sans cesse
Des regrets plus qu’amers,
On attire la vieillesse
Plus tôt que d’ordinaire.
On emmerde et on tue,
A coups de souvenirs.
On se pleure dessus,
On s’écoute dormir.
Mais savoir vieillir
N’est pas à la portée
De tous ceux qui soupirent
Tournés vers le passé ;
De ceux qui s’évertuent
A comparer leur peine
Avec Monsieur Glandu
Qui s’est j’té dans la Seine.
Les voilà schizophrènes,
Les voilà qui brandissent,
Emportés par leur peine,
L’étendard de jadis.
Oh, comble est la mesure
S’ils prônent l’ancien temps
Vomissant le futur
En plaignant leurs enfants.
Souvenir à dormir
Dans les bras d’un cafard,
De quoi faire devenir
Un cheval oreillard.
A moi, vieux de la vieille,
Vous qui savez conter
De savoureuses anciennes,
Pendables et bien salées.
Il m’apparaît tabou
Que les gens dits rangés,
Qui croient les autres fous,
Sont seuls à palabrer
Sur leur inexistence,
Prouvant avec ferveur,
Leur docile existence
A faire dormir un mort.
J’insiste cependant,
Ne pas apparenter
Ces braves et bonnes gens
Pleines de volonté,
Que le sort imbécile
Se plaît à déchirer ;
Mais ceux-là semble-t-il,
N’aiment pas en parler.
Quand je creuse ma tombe,
A chaque pelletée,
Pour sourire de mon ombre
Quand je rendrai les clés ;
Je prie Dieu et le Diable,
D’être un peu chaque jour
Moins con, et plus capable
De blanchir sans discours.